Autisme et plein air, est-ce que ça peut aller de pair?

Qu’est ce qu’un ti-mousse autiste dans la brousse?

Comprenez l’importance des petites victoires et du lâcher prise pour construire, au rythme d’un enfant autiste, des voyages et des aventures qui font rêver! Voici le partage remarquable d’une famille d’aventuriers ayant deux enfants dont un autiste, qui met en lumière la résilience, cette valeur essentielle pour vivre en famille des aventures en nature mémorables pour TOUS.

Dans ce texte, Jolène Richer du blogue Destination Autisme répond à 5 questions qu’on lui a posées.

Quelle place occupait le plein air dans votre vie avant d’avoir des enfants?

Avant de fonder une famille, nous avons voyagé. On habitait Montréal et on passait la majorité de nos fins de semaines dans les Laurentides, en camping, à la montagne, etc. On a décidé de quitter la ville pour les Laurentides pour nous permettre d’avoir plus facilement accès aux activités de plein air, à partir de notre maison. Planche à neige, randonnée, vélo de montagne, course en sentier… nous sommes des sportifs passionnés de grands espaces!

Comment avez-vous appris la limitation de votre premier enfant?

Juste avant les trois ans de Charles, il a reçu un diagnostique d’autisme. Ce n’était pas une surprise à ce stade-ci, on commençait à s’en douter. Tous les parents d’enfants autistes vous le diront, les délais sont interminables pour obtenir un diagnostic. Nonobstant la difficulté d’obtenir des services et du soutien, le temps nous a permis de nous faire à cette réalité et d’entamer une sorte de deuil de la vie de famille telle que nous l’avions rêvée. Avant le diagnostique, on avait des projets plein la tête, en passant par faire de la planche à neige en famille plusieurs mois par année jusqu’à vouloir devenir une famille nomade se déplaçant en voilier.

Est-ce que les expériences en nature sont importantes pour votre famille aujourd’hui et pourquoi?

Charles adore être dans la nature ! Il nous accompagne en raquettes depuis sa naissance, j’ai fait du cardio-traîneau avec lui quand il avait seulement quelques mois, il se promène en forêt depuis toujours, dans le porte-bébé, dans la poussette Chariot et en marchant / courant. Même chose pour son frère. Dans les dernières années, il a développé un intérêt marqué pour le camping, le kayak, le canot, la randonnée, le vélo (sans pédales encore pour le moment) et le voyage. Son petit frère Arthur, neurotypique, partage les mêmes intérêts et même plus ! L’hiver prochain, les garçons veulent s’initier au ski de fond en famille, ce sera donc au programme. On essaie le plus possible de les suivre dans ce qu’ils aiment et de leur faire vivre de nouvelles expériences régulièrement.

Charles a des retards dans toutes les sphères de son développement. La motricité et la communication / compréhension sont ses plus gros défis. Il est aussi très anxieux.

Le fait qu’il soit autiste rend certaines choses difficiles, comme les transitions ou la nouveauté. On a appris à modifier notre rythme, mettre de côté nos attentes pour profiter du moment présent et célébrer les petites réussites ! On doit également bien organiser nos activités en préparant Charles à l’avance avec des photos, vidéos et pictogrammes. De cette façon, on arrive à diminuer de beaucoup l’anxiété de Charles. Par exemple, le port de la veste de sécurité en kayak et en canot a pris des années de travail avant qu’il se sente prêt.

On respecte Charles dans ses limitations. On a commencé par des activités de plein air de courte durée et des petits séjours. L’an dernier, on s’est essayé pour un premier voyage d’une semaine en famille, on a fait le tour de l’Islande en campervan CampEasy. Charles a beaucoup aimé avoir notre maison sur roues qui nous suivait partout, c’était sécurisant pour lui ! Nous avons pu profiter des grands espaces et de la nature à profusion, un succès ! Dans quelques semaines, on repart pour Hawaii cette fois. Charles a vraiment hâte !

Est-ce que vous croyez que le plein air joue un rôle positif pour votre enfant? Remarquez vous des changements?

Quand il est en forêt ou à la plage, Charles est beaucoup plus calme, ses yeux s’illuminent, il sourit, il est fasciné par l’eau, les arbres, les roches, etc. Il aime le bruit des vagues, le bruit du vent dans les arbres, il aime même la pluie ! Il fait le plein d’expériences sensorielles. Il est moins anxieux, plus calme et il dort mieux la nuit. On arrive à lui transmettre, à lui et à son frère, notre passion pour le voyage, chose qu’on n’aurait jamais cru possible 3-4 ans auparavant!

Si vous aviez la capacité de changer la vision de notre société que souhaiteriez vous apporter comme amélioration?

Nous avons mis quelques années à apprivoiser notre nouvelle vie qui, comme vous le savez bien, ne vient avec aucun mode d’emploi. Avec le temps, on s’est rendu compte qu’on n’a pas à mettre nos rêves de côté, mais on doit les adapter à notre réalité différente. Dans les médias, on entend surtout parler du manque de services. Ce qu’on aimerait, c’est qu’on entende aussi parler de familles qui arrivent à briser la routine, à faire différemment, à vivre leurs passions et à vivre des expériences merveilleuses en famille malgré un handicap. Oui c’est difficile au quotidien l’autisme, mais il faut être à l’écoute, s’adapter et sortir de sa zone de confort pour avancer.

Si on arrive à donner envie à d’autres familles à vivre plus d’expériences de plein air et à voyager en vivant avec l’autisme au quotidien, on pourra dire mission accomplie !

Rédigé par Jolène Richer, Destination Autiste

Pour plus d’information sur leur famille, leurs expériences ou pour communiquez directement avec eux, visitez leur blogue Destination Autisme ou encore leur page Facebook Destination Autisme.

Longue vie aux aventures de ces petits explorateurs de coeur!

 

En terminant, il ne faudrait surtout pas oublier de vous présenter le fidèle compagnon d’aventure de Charles… Namaste à ce lapin aventurier!